Nouveauté Mai 2008


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Jacques Chauviré
La terre et la guerre


Roman
2008. 416 p. 15/22.
ISBN 978.2.86853.502.3

30,00 €

Le livre

Automne 1914, la guerre s’enlise, la vie du village de Saint-Martin, dans la Dombes, se fige parmi les étangs. Les Calvière, famille lyonnaise de bourgeoisie récente, s’installent dans leur propriété.
Il y a là Jérôme, sa femme et sa fille Amélie, les domestiques. Leur fils et leur gendre sont partis pour le front. Ils vivent par leur souvenir et par leur bref passage au cours de permissions. Ils reviendront, l’un d’eux blessé.
Des passions s’affrontent, des intrigues se tissent. Mais avec les années qui passent, les bouleversements qui s’annoncent, les liens que les heures ont noués entre les êtres vont se défaire peu à peu.
Cette chronique relate la destruction d’un monde traditionnel, la dispersion d’une famille et d’un village. La guerre, sans être présente, bourdonne dans le lointain. La terre s’ouvre, fidèle et maternelle, pour ensevelir les morts; morts confondus de la guerre, morts solitaires des fermes.
Les personnages comprennent-ils, dans le quotidien, qu’ils vivent une heure où le temps bascule et que les vieux mythes s’effondrent ?



L’auteur

Jacques Chauviré est né en 1915 près de Lyon où il a fait ses études, et fut médecin généraliste pendant quarante ans à Neuville-sur-Saône où il est mort en 2005. En littérature, il fut l’ami de Jean Reverzy (qui avait été son condisciple), de Claude Roy et d’Albert Camus (qui fit publier en 1958 son premier livre, Partage de la soif — réédité en 2000 par Le Dilettante).
Il est l’auteur de cinq autres romans publiés initialement par Gallimard : Les passants (réédité en 2001 par Le Dilettante), La terre et la guerre, La confession d’hiver, Passage des émigrants (réédité en 2003 par Le Dilettante), Les mouettes sur la Saône (réédité en 2004 par Le temps qu’il fait), et de deux recueils de nouvelles : Rurales (avec des illustrations de Jacques Truphémus, Maison du Livre de Pérouges, 1983) et Fins de journées (Le Dilettante, 1990). Son récit inédit, Élisa, a paru en 2003 à nos éditions, précédant de peu les pages demeurées inédites de son Journal d’un médecin de campagne (2004) et un volume de nouvelles posthume : Massacre en septembre (2006).


Extrait

Le 23 août 1914 Jérôme Calvière se rendit suivant son habitude dominicale au cimetière de Saint-Martin. Le temps était beau. Une journée lumineuse et chaude s’annonçait et la brume se levait des bois, des champs et des étangs.
Il était tôt. Jérôme Calvière s’était toujours levé de bonne heure. Maintenant il avait atteint l’âge où le sommeil devient plus capricieux et les récents départs de son fils et de son gendre aux armées n’étaient pas faits pour lui rendre les nuits plus paisibles.
Sa femme, Lucie, impatiente de partir pour la messe et de se recueillir à l’église avant l’office, avait elle aussi quitté la maison. Ainsi étaient-ils tous les deux allés vers ce qu’ils estimaient être leurs devoirs respectifs.
De la Bervillière jusqu’au village, la route, sur une levée, longeait les étangs. Des ajoncs, des sagittaires, des carex foisonnaient sur leurs bords. C’était la Dombes, pays plat, d’arbres, de prés et d’eaux immobiles. Au loin, Saint-Martin ramassait les quelques maisons de son bourg auprès d’un carrefour et parsemait les fermes aux toits rouges de ses hameaux au-delà des étangs, derrière des rideaux de peupliers, de saules et de frênes.
Le village de Saint-Martin ressemblait à beaucoup d’autres villages de Dombes. Construit à un croisement de routes, sa place, bordée de maisons pauvres, dessinait un quadrilatère grossier, ouvert aux vents venant de Trévoux, de Lyon, de Bourg ou de Pontneuf, qui soufflaient avec aisance sur ce plateau que des ébauches de croupes n’ondulaient qu’à peine.
Si le pisé des murs était demeuré apparent, sa couleur ocre eût peut-être conféré au village une note pittoresque. Mais il avait fallu compter avec les pluies d’automne dont le ruissellement sur les façades eût entraîné le matériau trop friable. Alors les maçons avaient eu recours à des crépis qui, vite ternis, salissaient tout. Les magasins, la boulangerie Bourron, la charcuterie Hafner, l’épicerie Mouillard ne portaient pas d’enseignes et les boutiques n’étaient qu’une pièce de ces maisons, rez-de-chaussée sombres, parcimonieusement équipés d’une banque, d’un étal ou d’étagères.
Jérôme avait marché d’un bon pas. Lorsqu’il déboucha sur la place, sept heures sonnaient au clocher. Des femmes se pressaient vers l’église. Il salua, au passage, Mouillard qui était sur son seuil et s’engagea dans le chemin du cimetière après avoir jeté un coup d’œil, comme chaque dimanche, à une maison délabrée qui occupait l’un des angles de la place.
Jérôme y était né en 1856. Son père y avait ouvert un bazar après avoir fait de mauvaises affaires à Trévoux dans un atelier de tissage de soie. Avec son frère, il avait passé là son enfance. Maintenant, la maison était abandonnée, et, depuis plusieurs années, il avait demandé à Me Rouquier, le notaire de Pontneuf, de bien vouloir entrer en relation avec le propriétaire pour savoir si celui-ci serait disposé à vendre cet immeuble auquel Jérôme se trouvait attaché par des liens fort anciens. À leur dernière rencontre, Rouquier avait laissé entendre qu’on touchait au but. Puis la guerre était survenue…

Autres titres du même auteur :

Élisa
Les mouettes sur la Saône
Journal d’un médecin de campagne
Massacre en septembre
La confession d’hiver
Fils et mère