Parution Octobre 2007


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Laurent Girerd
La traversée


Récit
2007. 80 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.495.8

14,00 €

Le livre

Ce texte bref donne à lire le fulgurant journal d’un soldat romain ayant vécu, au IVe siècle après J.-C., dans un fortin très isolé parmi les sables brûlants du désert saharien.
«Dans ce lieu soumis à l’effacement, au mirage perpétuels», comme pour survivre à la paix, à l’attente et à l’ennui, celui-ci cède littéralement au violent appel d’un petit bloc de pierre qui fera de lui un sculpteur, transformera le centurion angoissé en un artiste ébloui et fiévreux.
Les grandes ombres de Buzzati et de Gracq, qui ne planent que de loin sur ce récit intense, ne doivent en aucun cas en empêcher la lecture. C’est tout le contraire !


L’auteur

Laurent Girerd est né à Toulon en 1972. Auteur de courtes proses et de poèmes parus en revue (Arpa, Le Nouveau Recueil, la N.R.F., Rehauts), il a publié L’attache aveugle chez Cheyne éditeur en 1998 et Impotentia à La chasse au Snark en 2002.



Extrait

Après souper, tandis qu’on s’attardait à une partie d’osselets dans la cour, un roulement de tam-tam s’est mis à résonner sous le firmament. L’officier sur-le-champ a désigné quatre éclaireurs, dont j’étais. Harnachés légèrement, nous avons quitté le fortin à la recherche du mystérieux musicien.
La nuit était claire, les dunes posaient nues sous la lune, l’air sur nos joues avait la douceur d’une queue de renard, nos pieds jusqu’à la cheville s’enfonçaient dans le sable comme dans le plaisir. Ainsi avons-nous marché plus d’une heure au rythme de ce que nous ressentions de plus en plus comme une lente et apaisante pulsation céleste.
Pourtant, à mesure qu’on se rapprochait, à croire qu’il nous attirait dans une escarmouche hors du monde, le son dérivait au gré des vents. Refusant de nous aventurer plus avant, on dressa l’oreille à la manière des sangliers.
Mais le temps de l’arrêt le son s’était tu.
Un calme assourdissant nous encerclait maintenant.
Pas un filet de fumée ne trahissait l’ennemi. Aucun tison rougeoyant.
Rien alentour ne justifiait une telle patrouille.
Sinon ces dunes comme un étagement de dômes et de terrasses bleutés dans le méandre desquelles coulait l’épais fleuve noir du silence.


[…]


Aux arrêts.
Un homme qui retrouve le goût de se lever le matin parce qu’il a trouvé une pierre en chemin, cela signifie que sa vie intérieure est d’une extrême pauvreté ou d’une extrême richesse ?
Est-il pitoyable celui qui s’extasie devant une pierre au point d’en faire la pierre angulaire de son existence, ou est-il plus proche de la vérité que le puissant qui va s’étourdissant de banquet en banquet ?
Voir une apparition là où le prêtre lui-même ne verrait qu’une pierre d’entrave, est-ce se raccrocher à une fable par peur du vide ou est-ce enfin reconnaître sa chance ?

Autres titres du même auteur :

Brève apologie de l’éloignement conjugal
Dans l’embrasure des vasistas
Le millier d’arbres sous le regard
Nos Saisons
À demain l’embarquement