Parution Novembre 2014


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Gérard Farasse
L’Égyptienne couchée


et autres histoires
2014. 136 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.604.4

17,00 €

Le livre

Après avoir longtemps navigué entre terre et ciel, Gérard Farasse est passé «de l’autre côté» — Enfers, gouffre ou abîme, qu’importe ! : il est descendu dans la crypte. L’auteur s’élance dans les sous-sols du musée Carnavalet, sonde les limbes du dictionnaire, s’introduit dans la camera obscura des images, au plus près des spectres et des fantômes. Soulevant des dalles, grattant autour des mots, forçant l’ouverture des cachots, il libère les défunts. — Bonjour Monsieur Borges, il me semblait bien vous avoir reconnu de dos dans L’Espion aux yeux froids d’Edward William. — Toujours aussi divine, chère Sarah, et vous, jeune inconnue, j’ignorais que vous aviez été victime d’un collectionneur de dentelles, enchanté de faire votre connaissance ! — Vous voudrez bien, docteur L.-F. Destouches, me prescrire une boîte de votre merveilleux Somnothyril : avec toutes ces excavations, je n’arrive plus à fermer l’œil… C’est fou ce que les morts peuvent être bavards. Ils ont plein d’histoires à raconter, avec beaucoup de détails. Les orphelins et les orphelines, les suicidés, les assassins et les assassinés sont particulièrement volubiles : c’est qu’ils ont enfin trouvé à qui parler ! Il paraît que ces dames se grisent de vin tonique Mariani à la cocaïne et le bruit court qu’il y aurait même un «club des amputés». Que demander de plus ! Mais chut ! Ne le dites à personne, car si la rumeur venait à se répandre que, depuis que Gérard Farasse s’emploie à les décrypter, les morts n’ont jamais eu l’air aussi heureux, le prix des concessions risquerait d’augmenter. Achetez plutôt L’Égyptienne couchée, le livre féerique qui vous réjuvène l’âme.

Myriam Boucharenc



L’auteur

Gérard Farasse est né à Roubaix le 30 juillet 1945. Professeur de littérature à l’Université du Littoral-Côte d’Opale, il a animé pendant plusieurs années le laboratoire «Modalités du fictionnel» et co-dirigé la Revue des Sciences Humaines pour laquelle il a composé des numéros sur Philippe Jaccottet, Jean Follain, Gérard Macé. Connu pour ses travaux sur Francis Ponge (L’âne musicien, Gallimard, 1996), dont il a contribué à éditer les Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade, il est l’auteur de plusieurs essais littéraires parmi lesquels Amour de lecteur, Lettres de château (Presses du Septentrion, 2001 et 2008). Également écrivain, avec Exercices de rêverie (L’Improviste, 2004), puis Belles de Cadix et d’ailleurs (2004), Pour vos beaux yeux (2007) et Collection particulière (2010), «petites proses» parues au Temps qu’il fait, il signe aussi plusieurs textes pour des livres d’artistes : Rose Goret (Anakatabase, 2005), Fil d’horizon (La Canopée, 2009), Normales saisonnières (Le Rosier Grimpant, 2011).
Gérard Farasse s’est éteint le 28 septembre 2014, quelques heures après avoir pris connaissance des dernières épreuves de L’Égyptienne couchée. Il nous laisse une œuvre subtile et singulière, dont les notes — de tête, de cœur et de fond — sont celles d’un grand sillage.



Extrait


L’empereur et l’assassin

Dans les catalogues de lettres autographes dressés pour les ventes aux enchères, on découvre parfois, enfouies au milieu de celles des hommes illustres — écrivains, peintres, musiciens, savants, inventeurs, hommes politiques, généraux, rois et empereurs — celles d’un meurtrier, célèbre lui aussi. C’est ainsi que le 11 ou 12 avril 2002, les amateurs d’autographes ont pu acheter, à l’Hôtel Drouot, quelques lignes, datées du 21 avril 1940, griffonnées par le docteur Marcel Petiot, médecin et assassin comme il est précisé. Ce n’était, hélas, qu’une ordonnance au contenu bien décevant puisqu’elle se réduisait à cette injonction laconique : «Carboxeryl à prendre à tous les repas».
On pouvait hésiter à acheter une si pauvre chose, en dépit de son aura démoniaque. Est-ce la raison pour laquelle les commissaires-priseurs ont éprouvé le besoin d’y adjoindre une lettre signée de Moro-Naba, empereur des Mossis, lettre à son en-tête, écrite à Ouagadougou, le 17 mai 1950 ? Les amateurs de Petiot admireraient-ils aussi les empereurs de Ouagadougou et inversement ? Cet assemblage exotique ne manque pas de laisser rêveur (catalogue Piasa, Hôtel Drouot, 11 et 12 avril 2002, lot 511).

Autres titres du même auteur :

Belles de Cadix et d’ailleurs
Pour vos beaux yeux
Collection particulière
Eulalie n° 18, mai 2015
Photo Michel Durigneux