Parution Juin 2007


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Gérard Farasse
Pour vos beaux yeux


Proses
2007. 160 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.478.1

20,00 €

Le livre

«La langue n’est pour personne un espace froid. Elle ressemble plutôt à ces rues où ont habité ceux que nous avons aimés et où on ne repasse jamais sans en être secrètement bouleversé.»
C’est ainsi que Gérard Farasse nous entraîne, avec humour, avec tendresse, prenant souvent les mots par la racine, faisant revivre des images par lesquelles il nous installe devant la «lanterne magique de l’enfance» — quand il ne nous offre pas, simplement, ses rêves en partage. Ainsi nous donne-t-il à voir le monde dans ces éclats, merveilleux et banals, qui sous sa plume donnent à la réalité un miroitement incomparable.



L’auteur

Gérard Farasse est né à Roubaix le 30 juillet 1945. Professeur de littérature à l’Université du Littoral-Côte d’Opale, il a animé pendant plusieurs années le laboratoire «Modalités du fictionnel» et co-dirigé la Revue des Sciences Humaines pour laquelle il a composé des numéros sur Philippe Jaccottet, Jean Follain, Gérard Macé. Connu pour ses travaux sur Francis Ponge (L’âne musicien, Gallimard, 1996), dont il a contribué à éditer les Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade, il est l’auteur de plusieurs essais littéraires parmi lesquels Amour de lecteur, Lettres de château (Presses du Septentrion, 2001 et 2008). Également écrivain, avec Exercices de rêverie (L’Improviste, 2004), puis Belles de Cadix et d’ailleurs (2004), Pour vos beaux yeux (2007) et Collection particulière (2010), «petites proses» parues au Temps qu’il fait, il signe aussi plusieurs textes pour des livres d’artistes : Rose Goret (Anakatabase, 2005), Fil d’horizon (La Canopée, 2009), Normales saisonnières (Le Rosier Grimpant, 2011).
Gérard Farasse s’est éteint le 28 septembre 2014, quelques heures après avoir pris connaissance des dernières épreuves de L’Égyptienne couchée. Il nous laisse une œuvre subtile et singulière, dont les notes — de tête, de cœur et de fond — sont celles d’un grand sillage.



Extrait


De cette femme tant aimée, il se souvient de sa façon d’orthographier le mot caresse : avec deux «r», «pour la prolonger, disait-elle, l’étirer un peu plus longtemps comme on s’étire de bien-être au réveil, encore un peu, un peu plus, en faisant reculer la limite où elle s’évanouit : car les carresses cessent toujours trop tôt.»
Elle le prononçait avec une voix de gorge, laissant entendre ce redoublement du «r», qui lui rappelait ce faible geignement que son corps exhalait en appel de caresses. Ce seul mot contenait à la fois, dans son enveloppe sonore — une âpreté rauque qui s’achève en chuintement moelleux —, la montée d’un désir et la défaillance d’un abandon. Délicieuse faute d’orthographe qui permettait, à dire vrai, de rémunérer une langue imparfaite.
Et la jeune femme, nymphe refleurie, est de nouveau debout face à lui, très près, à le toucher, et il voit en gros plan ses pommettes un peu hautes, qui l’émeuvent. Et il entend son geignement.
Elle vient de s’engouffrer dans cette faute, dans cette minime blessure faite à la langue, pour ressurgir en lui avec sa grâce douloureuse.

Autres titres du même auteur :

Belles de Cadix et d’ailleurs
Collection particulière
L’Égyptienne couchée