Parution Mai 2014


    Accueil

    Parutions

    Auteurs

    Œuvres

    Bibliophilie

    Commande

    Recherche

    La maison

    Autres fonds

    Liens

    Chronique

    Lettre d’info


    Livres de photographie

Michel Arbatz
Hourra l’Oral !


Essai
2014. 168 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.600.6

19,00 €

Le livre

Homère connaissait, dit-on, les cinq mille vers de l’Iliade et de l’Odyssée par cœur et les livrait de vive voix à ses auditeurs.
Quel poète aujourd’hui donne ainsi ses textes ? Combien de poètes parlent-ils leurs textes ? La poésie confinée dans le papier est-elle vraiment la poésie ? D’où vient la cassure qui l’a réléguée dans les études universitaires, les poncifs de la messe scolaire, ou la «sclérose en plaquettes» qui ne concerne qu’un lectorat minuscule ?
Quelle place tiennent dans cette désaffection la poésie «de combat» embarquée dans la mouvance communiste du XXe siècle, puis sa contre-vague formaliste ? Et quelle responsabilité endossent parfois les poètes eux-mêmes en s’enfermant dans diverses postures et clichés qui ont la vie dure ?
Autour de ces questions, Michel Arbatz, auteur, mais aussi homme de scène, et passeur oral de poètes plaide pour l’oralité, et la nécessité de maintenir la poésie comme «mémoire de la langue», suivant la belle expression de Jacques Roubaud. Il salue dans deux longs chapitres le rôle de la chanson comme garante d’une tradition poétique orale, et pointe le vide inquiétant d’une absence de transmission dans le domaine poétique.
Hourrah l’Oral ! est un bulletin de santé, un examen complet du malade, qui cherche à comprendre tous les aspects de son affection. C’est une réflexion nourrie tant par la lecture des poètes eux-mêmes, que par une importante documentation, mais aussi par l’expérience d’une décennie de profération tous azimuts avec la BIP (Brigade d’Interventions Poétiques) que Michel Arbatz anime en Languedoc Roussillon.


L’auteur

Michel Arbatz est né en 1949 à Paris. Il vit à Montpellier. Artiste de scène, il a réalisé une douzaine de spectacles, huit albums de chansons et deux autres consacrés Desnos et Dubillard. Il a composé pour le cinéma et le théâtre (Lounguine, Gatti). Il est l’auteur, entre autres, de Rue de la Gaîté, une vie rêvée de Robert Desnos (Zigzags, 2000), Le moulin du Parolier (Jean-Pierre Huguet, 4e éd. 2012), Te fais pas de souci pour le mouron, préfacé par Nancy Huston (Christian Pirot, 2003), Retouver le Sud (poèmes & chansons, Jean-Pierre Huguet, 2006), Signes, Sinaï (poèmes, Encre et lumière, 2008).
Le temps qu’il fait a publié son premier récit en 2008 : Le maître de l’oubli et, en 2010, un long poème à dire intitulé Z (nativité).



Extrait

Ce livre est né d’une colère tardive, mais qui ne s’éteint ni avec de nouvelles expériences, ni avec l’âge. Au contraire, avec le passage du temps, je ressens toujours plus l’urgence d’une réforme : la poésie devrait être prise plus au sérieux, les poètes devraient moins se prendre au sérieux. Nous vivons encore sous le règne de l’inverse.
Prendre la poésie au sérieux, c’est la considérer comme soin de l’âme, comme prière laïque, comme ouverture de la langue. Nous sommes humains par la langue, toujours multiple, variante, équivoque. Je rappelle la citation de Jacques Roubaud qui ouvre ce livre : la poésie est la mémoire de la langue. On pourrait culbuter la proposition : la poésie est aussi la langue de la mémoire.
On sait qu’elle ne fera jamais recette, mais c’est aussi sa grande liberté. Elle ne peut être l’objet de «retour sur investissements». Quand le marketing essaie de ne rien laisser hors de son champ d’action, elle est hors d’atteinte.
Je ne veux pas dire par là que je souhaite aux poètes de rester inconnus et de ne jamais vendre leurs ouvrages. Mais ce destin ne leur appartient pas. Toutes les grandes «réussites», percées de poètes, se sont faites après un long temps de digestion sociale.
Il n’y a donc aucune raison pour qu’ils s’acharnent à rendre eux-mêmes leur poésie inatteignable par toutes sortes de poses, de manières, de postures de cénacles (ou d’orgueilleux solitaires), ni pour s’estimer au-dessus du commun des mortels. Au lieu de se complaire dans leur confortable malédiction, ils pourraient choisir la joie immense d’être d’une certaine manière «irrécupérables».
Qu’il aille nu, à poil, le millionnaire, dit César Vallejo.

Autres titres du même auteur :

Le maître de l’oubli
Z (Nativité)
Je connais que pauvres et riches
Le moulin du parolier
C’est le cœur qui est grec