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Jacques Lèbre
Sonnets de la tristesse


Poèmes

2025. 80 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.726.3

15,00 €

Le livre

Les Sonnets de la tristesse sont une sorte de journal des visites que le poète a rendues à sa mère très âgée dans une maison de retraite où il a vu sa vie s’amenuiser et sombrer avec une infinie lenteur. Des observations, des réflexions presque détachées, des souvenirs mornes ou banals sont la matière de ces textes qui interrogent le quotidien avec une calme inquiétude.

Discrétion et sobriété sont également les qualités des Onze propositions pour un vertige qui évoquent
la figure d’un ami poète jamais nommé : «Chez un être privé de tous ses souvenirs, / il n’y a plus de lieu pour un refuge.» L’élan lyrique demeure réservé et sans effets dans la brève suite (L’amour est comme le sol) qui clôt le livre et célèbre l’enfance.



L’auteur

Né en 1953 à Saint-Flour (Cantal), Jacques Lèbre est un poète on ne peut plus discret. Après une carrière de postier à Paris, il vit désormais à Autun où il écrit, principalement des poèmes très simples, des carnets, mais aussi des textes critiques consacrés aux auteurs qu’il aime et lit avec ferveur. Il publie, depuis 1994, à l’Atelier La Feugraie, Deyrolle, La Dogana, l’Escampette, Corti, Isolato, etc. Il contribue en outre aux revues Rehauts et Europe.



Extraits

1.

On voit parfois, quand on traverse un village,
un coin de rideau qui se soulève au bas d’une fenêtre,
puis le mouvement de recul d’un visage ridé,
c’est que nous aurons regardé dans cette direction,

attirés par ce mouvement — comme d’une aile d’oiseau —,
soudain, il se sera inscrit dans notre champ de vision.
Rabaissé, le rideau estompe le visage, puis le gomme
comme si depuis la nuit des temps le dessin devait être raté,

celui d’une vie, eau morte qui désormais clapote
derrière une fenêtre qui maintenant sert de frontière,
mais transparente pour laisser voir ce qu’il y a d’encore vivant

dehors où nous passons. Et nous n’aurions rien soupçonné
si le rideau n’avait pas été soudain corné, comme la page
d’un livre quand on en interrompt la lecture.



5.

Cela relève d’un abandon, pourquoi ne pas le dire,
même s’il est le fait des conditions modernes de l’existence,
éloignement des enfants qui tous vivent ailleurs,
appartements qui ne permettent pas de les prendre chez soi.

Et bien sûr qu’ils doivent se sentir complètement abandonnés
s’ils ont encore toute leur conscience, les vieillards,
assis en rang d’oignons ou en cercle — devant un temps
qui ne passe plus, comme si, dans un quelconque musée,

ils se retrouvaient devant une toile absolument blanche
qui ne représenterait plus ni paysage ni scène de vie
aptes à leur donner la si précieuse sensation de l’éphémère.

L’éternité de leur journée ne saurait être leur bonheur
et seule leur est promise celle de la Terre
qui continuera de tourner avec leurs corps enfouis.