Parution Février 2023


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Christine Bry
Pataude


Poèmes

2023. 144 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.69
5.2
18,00 €

Le livre

Ma mère est venue d’Italie, un pays apparemment proche. Elle ne parlait pas le français et se sentait exclue du groupe social, de la vie collective, de tout. Il n’y a jamais d’exil mineur… Ma mère l’a toujours su.

Qu’éprouve un enfant d’exilé devant ce désarroi, cette colère? Il n’est d’aucun pays sinon celui des boiteux, des fadas, des mystiques, des aveugles et des clowns. Un ailleurs fantasmé, celui des imagiers et des peintres devient sa nouvelle patrie. L’enfant manque de mots pour en parler, mais il fait corps avec sa mère et tous ceux qui claudiquent.

Les poèmes de Pataude témoignent de cet étrange ralliement.




L’auteur

Christine Bry est née à Tarare (Rhône). Après avoir obtenu un diplôme de Philosophie à l’université de Lyon II (direction Henri Maldiney), elle suit une formation de dessin aux Beaux-Arts puis s’installe à Grignan et se consacre à la peinture. Nombreuses expositions en France (Paris, Lyon, Strasbourg, etc.) et à l’étranger (Boston, Londres, Bruxelles...).
Elle a publié en 2018 un essai sur Proust : Un monde désorbité (Une lecture de À l’ombre des jeunes filles en fleurs), éditions Les Trois Platanes et, en 2022, Proust en-deçà des mots, Revue d’études proustiennes n° 16, Centenaire de Marcel Proust, Classiques Garnier.



Extraits

Amour


Il nous faudra nous abandonner
À l’amour.
Tu dis cela les yeux posés sur le vieux cèdre
Qui se dresse à l’orée du bois
Pensif.


Tu dis cela pour les petits poissons
Se frayant un passage
Entre les roches.


Tu dis cela pour l’enfant puîné
Que l’on dépose dans la soue
Avec les cochons,
Et qui regarde le monde
Aller et venir
De plus bas que terre,
Et qui lorsqu’il remonte à l’air libre
N’atteint jamais le bout des phrases
Du bout de sa langue.

Parce qu’il l’a laissée dans la soue
Avec sa glotte
Sa mémoire
Sa raison.
Braises



Les uns marchent lentement
Mains plaquées sur le ventre
Avec cet air penché de bêtes traquées.
D’autres regardent le ciel.
Ils aiment les refrains,
Craignent la douleur,
Leurs paroles flambent
En projetant des braises,
Et vous brûlent.

Vous en gardez longtemps la blessure
Quand vous les quittez.

Puis un jour ils ne sont plus là.

Leur voix les a consumés.