Parution Avril 2019


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Didier Pobel
Couleur de rocou
ou
La saison du poison


Roman
2012. 104 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.575.7

14,00 €

Le livre

«Et si je m’étais trompé ?» Le narrateur de cet allégorique roman «incubatoire», rôdant quelque part entre Dhôtel et Kafka, est soudain pris d’un doute. La fricassée de champignons qu’il vient d’ingérer n’était-elle pas constituée de l’une des plus pernicieuses espèces qui soient ? Certes, les ouvrages spécialisés en attestent : d’ordinaire le «cortinaire couleur de rocou», aux inquiétants autant que fascinants reflets brun-roux, pousse plutôt dans les Pays de l’Est. Mais cet automne-là n’est pas exactement comme les autres. Les frontières s’ouvrent comme les sentes insoupçonnées sous les pas des promeneurs. Difficile de s’y retrouver parmi les nuances de tout un vieux monde en fusion. Même un mycologue averti peut y perdre ses repères. Et se ronger terriblement les sangs...


L’auteur

Didier Pobel : né en 1952 dans la campagne bressane. Après une brève période d’enseignement, journaliste et critique littéraire pendant une trentaine d’années au Dauphiné Libéré. Prix Kowalski (et aujourd’hui membre du jury) pour les poèmes de Liaisons intérieures et autres lignes (Cheyne, 1990, réédition 1997). Parmi les autres recueils parus : L’Éternité ne dure que cinq minutes tous les jours (Fagne, Bruxelles, 1977), Le Chemin frayé (Le Dé Bleu, 1978), Les Nulles parts (Subervie, 1983, prix Ilarie Voronca). Collaboration à de nombreuses revues : La NRF, Esprit, Théodore Balmoral, Poésie 1, Faire Part, Jungle, Action poétique… Poèmes traduits en allemand, italien, roumain, hongrois… Se consacre désormais à l’écriture et, entre deux échappées, à Berlin ou ailleurs, partage son temps entre Grenoble et la Bresse.


Extrait

Avertissement au lecteur

La couleur de rocou, c’est la couleur du commencement. Les membres de certaines tribus se teignaient en effet le visage avec ce pigment rouge extrait d’un arbre des tropiques. Mais la couleur de rocou, c’est aussi celle du crépuscule pour tous ceux qui, dans une époque pourtant considérée comme moins primitive, mangèrent le champignon aux lents effets mortels portant ce nom-là et, allez savoir pourquoi, plus répandu dans certains pays que dans d’autres : essentiellement ceux qui se situent au-delà du Danube, région où l’on a, du reste, attendu fort longtemps avant d’en pouvoir divulguer le caractère pernicieux.
Or, c’est à peu près entre ces deux extrêmes que se sont inscrites, semble-t-il, à la fin des années 80 ou au début de la décennie suivante – comme les reflets changeants de tant d’autres nuances situées elles aussi, en gros, entre le vermillon d’un sang intact et les brun-roux de tout un vieux monde rongé par la rouille –, les angoisses des hommes convaincus tout à coup qu’un mal insurmontable était venu se glisser en eux. Au plus intime de leur corps, de leurs idées, de leurs mémoires, au cœur de leurs aspirations à dépasser la quotidienneté, à la base de leurs désirs de rassembler tous les ingrédients, toutes les composantes du grand conte à rebours de la vie remontant jusque là où, pourtant, ne poussera jamais l’oubli.
Mais la saison du poison ne s’éclaire parfois, avant d’atteindre son plus insoutenable rayonnement, qu’à la lueur de bougie de ce qui ressemble d’abord à une anecdote, alors qu’on ne sait pas très bien ce qui vient du jour, ce qui retourne à la nuit.

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