Parution Septembre 2010


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Jean-Louis Gutierres
Et même les chiens


Roman
2010. 160 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.544.3

16,00 €

Le livre

Les «événements» d’Algérie ? Près de deux millions de jeunes Français y ont été mêlés, le plus souvent inconscients des enjeux véritables.
Jeannot est un habitant de la Brenne, cette région où la terre est trop pauvre pour fournir autre chose que de maigres prairies pour l’élevage, des étangs et des bois pour la pêche et la chasse. Jeannot mène là une existence de Brennou, normale, tranquille ; sa vie est si limpide depuis tant d’années? Lui aussi a été «appelé» en Algérie. C’est la seule fois qu’il s’est éloigné de chez lui. C’était il y a si longtemps !
Ce premier roman de l’auteur commence comme une chronique rurale que les images ressurgies du passé refoulé de son personnage, ses traumatismes, ses remords vont bientôt colorer de leur aberrante cruauté.
La question qu’il pose est très simple, et terrible : sommes-nous condamnés à devoir, un jour ou l’autre, solder nos comptes avec notre conscience ?



L’auteur

Jean-Louis Gutierres a passé son enfance entre le Maroc où il est né en 1951 et l’Algérie qu’il a quittée en1962. Professeur de mathématiques par nécessité et écrivain par goût, il se partage entre la Touraine du sud et les étangs de la Brenne.
Et même les chiens est son premier roman.


Extrait

«Cette histoire elle a foutu le bordel dans le village pendant je sais pas combien de temps. Même que j’ai failli en crever. C’était moins une !
Ça me tracassait la tête de pouvoir la raconter. Sinon les gars ils allaient finir par oublier, et après ils allaient croire qu’on a tous eu des berlues.
Le seul problème, c’est que j’ai pas eu beaucoup d’occasions d’écrire depuis l’école primaire. Et encore, je faisais toujours un paquet de fautes comme c’est pas possible. Ça fait que des fois je recevais des coups de règle sur les doigts. Mais quand même, je peux dire sans me vanter que j’étais souvent premier en rédaction. Quand c’était pas François Leboucher.
— J’crois pas si tu vas y arriver ! il a dit Nannard.
— J’savais pas qu’tu savais comment écrire ! il a dit Pierrot.
J’ai dit de fermer leurs grandes gueules, et ils se sont mis à rigoler comme des baleines.

Dans un tiroir, j’ai trouvé trois cahiers rouges qui traînaient là-dedans. J’ai attrapé un. J’ai dégotté un encrier et une plume sergent major. J’ai tout posé sur la table de la cuisine pour me mettre à commencer.
Je croyais pas que c’était aussi crevant d’écrire !
Surtout au début. J’arrivais même pas à mettre un mot.
Mais le temps avançait, et comme j’ai été assez couillon pour dire que j’allais le faire, il fallait bien!

Et maintenant voilà, c’est fini !
J’en reviens pas que j’ai réussi à marquer tous ces mots, et à salir toutes ces pages. Même à l’école primaire, j’ai jamais fait une rédaction aussi grande comme celle-là !
Je suis excité comme pas un.
J’arrête pas de tourner les feuilles dans les cahiers rouges. Histoire de bien me rendre compte.