Parution Janvier 2004


    Accueil

    Parutions

    Auteurs

    Œuvres

    Bibliophilie

    Commande

    Recherche

    La maison

    Autres fonds

    Liens

    Chronique

    Lettre d’info


    Livres de photographie



Collectif
André Frénaud

«La négation exigeante»

Colloque de Cerisy, 15-21 août 2000, sous la direction de Marie-Claire Bancquart.

2004. 384 p. 16,5/24.
ISBN 978.2.86853.398.2

29,00 €

Le livre

Ce livre est publié dix ans après la disparition d’André Frénaud. Il est constitué par les interventions d’écrivains, artistes et universitaires de diverses nationalités et qui appartiennent à toutes les générations, depuis les anciens compagnons et amis de Frénaud jusqu’à de jeunes chercheurs intéressés par son œuvre. (…)
Il s’offre donc au lecteur dans une certaine solitude, et dans une tension personnelle qui contribue à le rendre singulier, d’un premier contact non dénué d’âpreté. Le lecteur entre dans une œuvre dont le premier poème est une «Épitaphe», et dont l’auteur a déclaré : «Je me suis inacceptable». Attaché à sa Bourgogne natale, mais sans que certes on puisse faire de lui en aucune façon un poète «régionaliste», incroyant, mais amoureux de l’art chrétien et grand lecteur des mystiques, tendre mais rugueux, hanté par le néant mais amateur des beautés et des dons de ce monde, Frénaud se présente tel qu’il est, sans concession ni faux semblant.
D’autre part, à une époque où les écrits théoriques sont si nombreux qu’ils font partie d’un horizon attendu, on n’en trouvera chez Frénaud que de rares et brefs, il est vrai d’une grande force, mais ne prétendant pas imposer une vérité : exprimant plutôt l’«inhabileté fatale» de qui tente l’expérience de la poésie, illuminée pourtant par les brefs moments où il se voit sur le point d’aboutir au «château» où l’a mené sa route difficile.
Frénaud enfin est l’homme de plusieurs poèmes longs, d’une facture qu’on rencontre peu à notre époque; parmi eux, la très belle œuvre La Sorcière de Rome qu’il aimait nommer «oratorio». Là encore, cette singularité pourrait susciter des hésitations à l’orée d’une lecture qui se révèle pourtant infiniment riche.
À la fois poète et universitaire, c’est à cause de mon admiration mais aussi de mon attachement pour l’œuvre de ce poète «dérangeant» que j’ai souhaité une rencontre qu’ont permise les responsables du centre de Cerisy-la-Salle, et qui n’aurait pu avoir lieu sans l’accord chaleureux de collaborateurs très divers, poètes, artistes, essayistes, ou réunissant plusieurs activités. Comment aussi ne pas adresser nos marques les plus vives de reconnaissance à Monique Frénaud ? Elle a ouvert libre accès aux documents laissés par le poète, elle a constamment été présente lors du colloque, et sa sollicitude ne s’est jamais démentie par la suite. Sous son impulsion s’est formée récemment une association André Frénaud, «Depuis toujours déjà», présidée par Jean-Yves Debreuille, grâce à laquelle l’œuvre du poète recevra une pleine reconnaissance.

Marie-Claire Bancquart


Les auteurs

Contributions de Didier Alexandre, Christine Andreucci, Marie-Claire Bancquart, Michaël Bishop, François Boddaert, Jean Bollack, Elisa Bricco, Peter Broome, Jacques Busse, Michel Collot, Pascal Commère, Yannick Courtel, Jean-Yves Debreuille, Christine Dupouy, Daniel Guillaume, Michel Jarrety, Christine Lombez, Laure Michel, Gérard Noiret, Bernard Pingaud, Aude Préta-de Beaufort, Dominique Rabaté, Richard Rognet, Françoise Rouffiat, Peter Schnyder, Fabio Scotto.



Extrait

L’anecdote est bien connue : en 1938, André Frénaud qui, jusque là, a surtout fréquenté les philosophes et les romanciers, qui a même entrepris d’écrire un roman, se surprend à fabriquer un texte d’une dizaine de lignes qu’il intitule Épitaphe et qu’il montre à des amis. — «Qu’est-ce que c’est ?» — «Un poème», lui répond-on. Il a 31 ans. Le voilà devenu poète, à son insu. Pour avoir entendu André raconter plusieurs fois cette jolie histoire, je ne suis pas sûr qu’il ne l’ait pas un peu arrangée après coup. Mais j’en retiens un trait essentiel : l’étonnement. Un étonnement qui, jusqu’à la fin de sa vie, le conduira à interroger inlassablement ce phénomène mystérieux que constitue l’«expérience poétique».)

Bernard Pingaud