Parution Juillet 1993


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Collectif
André Frénaud


Cahier neuf, sous la direction de François Boddaert.
Coédition avec Obsidiane.


1993. 288 + 16 p. 16,5/24.
ISBN 978.2.86853.180.3

27,50 €

Le livre

Vaste ensemble d'études sur l'œuvre de l'un des poètes français les plus significatifs de ce siècle (1907-1993), le présent cahier ne vise pas à être une célébration facile du génie de l'auteur de La Sorcière de Rome et d'Hæres. C'est bien plutôt une lecture (ou relecture) fervente des livres qui composent ce que l'on peut appeler l'univers poétique d'André Frénaud. Beaucoup de poètes de la nouvelle génération (grosso modo 30-45 ans) ont souhaité écrire sur cette œuvre. Ils révèlent que la singulière force d'André Frénaud les a traversés, les a augmentés. Nouveau «Passage de la Visitation». Certains de ses pairs ont tenu aussi à accompagner ce travail collectif même si, par le passé, ils ont déjà porté témoignage.
Quatre auteurs étrangers ont contribué, par des études de caractère plus universitaire, à l'ouverture d'une ample réflexion, attestant ainsi de l'audience d'André Frénaud hors des frontières.


Les auteurs

Textes de O. Apert, G. Auclair, M.-C. Bancquart, O. Barbarant, S. Baron-Supervielle, Y. Bergeret, M. Bishop, F. Boddaert, J. Bollack, Y. Bonnefoy, P. Broome, J. Busse, P. Commère, J.-Y. Debreuille, J. Deschamps, H. Droguet, M. Étienne, A. Fernandez-Zoïla, G. Goffette, D. Grandmont, S. Jay, H. Kaddour, J. Lèbre, J.-P. Lemaire, A. Lévêque, G. Limbour, R. Little, J.-C. Masson, B. Noël, P. Oster, J.-B. Para, Y. Peyré, M. Picchi, G. Puel, J. Réda, P. de Roux, J.-C. Schneider, P. Schnyder, J.-B. de Seynes, B. Simeone, S. Stétié, A. Suied, B. Vargaftig, J.-C. Vegliante, C. Vercey, F. Wybrands.
Avec un long poème inédit d’André Frénaud : Gloses à la Sorcière; et avec un cahier de photographies, un portrait original par Bazaine, une couverture de Busse.
Bibliographie.



Extrait

Debout, Frénaud se tient debout sans Dieu, sans espoir. Mais sa digne verticalité, sa dignité verticale est amour, attente de la Présence, de la Visitation. Le poète poursuit l'être, le poème appelle la parole, la poésie. Jamais Frénaud n'aura cessé de parler de ce qui est loin, toujours différé, qui est un peu de soi perdu ou non-gagné, un peu de sang versé, séché, pas tout à fait oublié et qu'un
air d'accordéon, un soir rapproche, et qu'on fait sien.

Le 19 mars 1953 il écrit La Commune de Paris qui est, à sa manière une Ode à la France, un Vieux Pays accepté en terme de Nation, de Patrie sous le signe d'une jonction de deux figures héroïques, une énigmatique guerrière et un ouvrier relieur : Jeanne d'Arc et Varlin. N'est-ce pas un profond aveu d'amour que cette conjonction dans l'immémorial, dans l'arrière-pays de l'histoire de la patrie ? Frénaud embrasse ici le peuple anonyme, enfantin, généreux qui incarne la Bonté qui a fondé les valeurs paternelles, dont la donation est approfondie, authentifiée et universalisée. Hæres, dit le poète, Héritier, mais aussi je suis tenu par, mais aussi je suis aidé à vivre par les biens dont j'hérite, je m'appuie sur eux. La Jeanne des bien-pensants et Varlin le révolutionnaire fusillé par les Versaillais, c'est encore la filiation de fraternité, cet «amour qui conserve l'univers» de Hôlderlin.

Héritier, oui, Frénaud a hérité, c'est dire qu'il a été tenu par l'amour et rendu à l'universel. Il n'a pas oublié le bruit des sabots des femmes de mineurs sur les trottoirs de Montceau, ni la dignité des humbles, ni la bienveillance d'un père, mais surtout il a su, en ce lieu Pauvre d'où parle le poète, être tenu par la question qui n'a de fondement qu'en elle-même, la vraie question, même s'il n'est rien que par mon amour.

Gaston Puel